Les passions, le monde et l’argent

21.08.2006 | Richy
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Moi je courais sur le long de la rivière Hudson... Encore un peu de course aujourd’hui, mais on n’en fait jamais trop ! Et puis c’est tellement agréable d’être dans la ville, puis en 15 secondes d’être au bord de la rivière, puis au bord de l’océan...

Hier, mes pieds m’ont mené dans le sud de la ville, Downtown comme on dit ici. De la mairie au Woolworth building, puis de Wall Street au New York Stock Exchange, que j’ai finalement vu, et où j’ai pu admirer quelques magnifiques constructions et déconstructions, la somme des travaux étant ici bien supérieure à l’énergie mécanique déployée par les énormes bulldozers Caterpillar (avis aux amateurs de physique). Prolongeant plus bas, j’ai tracé mon chemin le long de Broadway, du Pier 17 (un "quai" réaménagé en plate-forme touristique) et, au moment où je me disais qu’aller du côté du Brooklyn bridge serait une excellente idée, j’ai vu face à moi, en énormes lettres d’ivoire : Staten Island Ferry. Ni une, ni deux, ni d’Eve, ni d’Adam, ni oui ni non, mes pieds et mon sang ne firent qu’un tour (ni coti, no coton), et c’est ainsi que je gagnai un immense terminal aquatique. A peine une minute d’attente, et le ferry à 3 étages amarrait. Une minute après, il démarrait. L’air marin emplissait mes narines, les passagers emplissaient les ponts supérieurs et déjà les photos commençaient à emplir mon appareil. C’est tellement dingue d’avoir autant de panoramas différents à quelques stations de métro ! Petit à petit, la célèbre skyline (ligne d’horizon des buildings) de Manhattan se dessinait, et petit à petit, nous avancions dans l’océan pour rejoindre l’île de Staten Island, un des cinq quartiers de New York City, qui d’ailleurs réclame son "indépendance" depuis de (très) nombreuses années. La veille encore, j’étais au sommet d’un building, me voila aujourd’hui sur l’eau (enfin hier pour ceux qui suivent, je n’écris pas mes articles sur l’eau, je ne suis ni Jésus, ni Claude François). Toujours est il que la déception s’est faite un peu sentir une fois arrivé sur l’île car, il faut bien le reconnaître, il n’y a là-bas rien à voir. A part la vue, au loin. J’ai déambulé une heure sur l’île, je n’ai trouvé ni Starbucks ni Mac Donald, c’est dire s’il n’y a rien. Je me suis donc redirigé vers la terre ferme, enfin sur Manhattan, qui est également une île cela dit, et j’ai continué ma remontée pédestre jusqu’à Ground Zero, où il n’y avait toujours rien non plus. Puis je suis remonté au Rockefeller Center pour aller découvrir une librairie française, qui n’avait malheureusement pas ce que je cherchais. A part ça, s’il y a bien une constante dans mes pérégrinations new-yorkaises, c’est l’omniprésence du dollar, de l’argent en général. Partout, tout le temps, mille occasions se présentent au touriste comme au new-yorkais pour lui faire dépenser son billet vert ou son chéquier à spirale. C’est vrai qu’il est joli, le chéquier à spirale, autant le garder plein alors ! Du café qu’on ne voulait pas au hot-dog qu’on nous met sous le nez, des glaces que nos cuisses ne réclament pas aux lunettes qu’on nous met cette fois-ci sur le nez, tout nous saute aux yeux, aux oreilles, et donc, au nez. Avec comme geste concomitant le fameux "déplacé de main dans la poche qui sort les dollars". Dur de résister quand on nous pousse à ne pas résister ! Et ce ne sont pas les "autres" qui nous en empêchent, car eux sont déjà contaminés. Bien pire, ils sont maintenant heureux de dépenser leur argent pour des choses dont ils n’avaient ni le besoin, ni l’envie. Le vice du capitalisme, c’est d’être vicieux.

Et ces achats compulsifs se font toujours avec une amabilité très discutable... Autant en France, les vendeurs donnent rarement envie d’acheter, autant ils sont très agréables, et ce n’est pas rare de parler de la pluie et du beau temps avec la boulangère. Alors que, entre nous, on ne parlerait pas de sa baguette à Laurent Cabrol ; ce serait assez déplacé. Ici, aux Duane Reade, sorte de Monoprix où on trouve tout et n’importe quoi (ce sont les fameux drugstore), y compris des médicaments, des cookies, du thé, des chaussettes, voire des cotons-tiges, les vendeurs sont en général très sympathiques... Entre eux. Un client qui vient payer est toujours un facteur dérangeant, c’est une vraie intrusion, une irruption dans leur passionnante conversation dont la teneur ne ferait même pas honte aux meilleurs scénarios d’Amour, Gloire et Beauté, attributs qui par ailleurs ne les caractérisent que très rarement. Les seuls mots gentils qu’ils daignent agresser -pardon, adresser- à leurs clients, ce sont un "NEXT" assez violent qui indique que le client suivant a intérêt à vite rejoindre la caisse, et un " xxx dollars ", qui ne leur déclenche même pas un sourire, Dieu Colgate merci. Au restaurant, c’est un peu différent, car les serveurs sont rémunérés au pourboire. Alors pour le coup, c’est l’hypocrisie inverse : tout le monde aux petits soins pour le client, un verre d’eau rempli toutes les 30 secondes, un "tout va bien" toutes les 25 secondes, un sourire tendu toutes les 20 secondes, ce qui laisse peu de temps pour boire son verre d’eau. Cela dit, on n’est pas dupe, on laisse son pourboire grosso modo réglementaire sauf si le serveur nous a craché dessus, et le mollard, pardon, le dollar règne et fait toujours la loi. Je pourrais multiplier les exemples de ce qui est payant ici, choses auxquelles on n’aurait même pas pensé en France. Les mots questionnent, les chèques sont la réponse. C’est la différence entre le pays des Lumières et le pays de l’électricité. Je ne crois pas pour autant regretter, à titre personnel, l’étendue de ce monde d’argent face à la France qui dort.

Les mots sont importants, les mots font l’émotion, mais, et c’est bien connu, l’argent fait le bonheur.

En moins de trois mois, finalement, je suis passé de la langue des mots d’hier à la langue des chèques-spires.

 

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